Voici une petite fan fic sur Tiamat que j'ai du faire avant ou pendant mon inscription. Le personnage principal étant Ned, son attitude et ses pensées sont purement fictives et ne doivent pas correspondre au vrai j'imagine. Euuuh j'avoue que je n'ai pas une connaissance de l'orthographe très vaste... excusez moi <_<
Innocent voices
Il était assis. Comme toujours pourrait-on penser avec ironie. Les mains croisées sur ses genoux, comme à son habitude, le dos droit et le regard perpendiculaire à celui-ci, vrillé dans un mur, dans le vide avant le mur. Son fauteuil était confortable. Année après année, le coussin avait imprimé la courbe de ses fesses.
Le regard bien droit fixait le vide qu'il y avait avant le mur, sans ciller. Même pas quand la porte s'ouvrit.
On lui avait fait mettre une robe ample et rouge profond, pour faire trancher le bleu de ses cheveux et de ses yeux. On l'avait levé le matin, l'après-midi il avait un tournage, l'émission passerait aux premières heures de la nuit. En attendant on avait ouvert ses volets pour laisser entrer le Soleil. Son regard lui, pouvait sortir et se poser sur la ville. Il la trouvait moins misérable quand il faisait nuit et qu'elle était éclairée par sa propre lueur.
Il réprima un frisson à la naissance de son cou lorsque des mains gracile et emplies de dévotion se glissèrent sous sa nuque, soulevèrent ses mèches avec adoration. C'était ce qu'il préférait, le contact de ces doigts, quelques instants contre sa peau et dans ses cheveux.
Son coiffeur était tout jeune. Il s'appelait Loss. Il avait un corps cisellé dans l'ivoire, comme tous les Skull, mais préférait le maquillage bleu au noir, avait teint un bon nombre de ses mèches dans des coloris différents, allant du bleu profond au rouge, en passant par le rose et le mauve timide. Et sa gorge. Ned se souvenait de la première fois qu'il avait posé les yeux dessus. Son nom y était étalé, des saloperies de scarifications qu'il n'avait pu s'empécher de toucher du bout des doigts, en éprouver la profondeur et en frissoner.
Il se souvenait de la première fois qu'il avait dit "j'aime untel". On avait beaucoup rit, il ne l'avait jamais redit. Comme si c'était interdit. De toute façon tous les mots qui lui venaient spontanéments étaient réprimés. Alors Loss ne serait que "son favori du moment", puisqu'il ne pouvait accorder de statut plus important que ça.
Les autres savaient. C'est lui qui avait ordonné de renvoyer les cinq autres Priants inutiles -un pour passer les ciseaux, un pour soutenir les mèches, aucun pour lui faire la conversation dans le lot- et c'est lui qui avait fait le premier pas, la première fois. Naturellement. Il imaginait mal un Priant s'assoir éfrontément sur son bassin une fois son travail terminé et tenter de l'emballer. Et depuis c'était Loss qui venait à lui. Il lui avait qu'il préférait. Le bout d'un index soulignait déjà le dessin de sa machoire avant que ses yeux bleu ne se posent dans les autres, noirs, rendu hypnotiques par des traits de maquillage. Son regard restait de marbre, parce qu'il était Ned, parce qu'il s'arracherait les yeux plutôt que ciller devant un Priant, même lui. Seulement quand les lèvres chaudes furent contre les siennes, il l'empoigna brutalement à la gorge pour l'attirer contre lui, avec une force froide et rigide qu'on attribuerait à une statue.
La main de Loss était déjà sur sa cuisse, remontait un pan de sa lourde robe. Il ne portait qu'un sous-vêtement simple et noir en dessous. On le privait de toute fantasie jusqu'au bout. Présentement, il s'en fichait ; les doigts du Priant erraient sur ses tempes, là où ses cheveux ne passaient pas le centimètre, un peu plus près de sa peau.
Il l'embrassa de nouveau. Il aimait. C'était différent d'avant, du temps où il trompait son ennui en couchant avec trois ou quatres Priants à la fois. La langue qui le caressait était accueillante, elle l'aurait bien enveloppé tout entier pour l'envelopper de douceur et de chatouillis de plaisir. Loss ne le lui avait jamais dit, mais Loss ne considérait pas leur temps passé ensemble comme un devoir ou un honneur.
Leurs lèvres s'étaient séparées, étaient revenues les unes contre les autres. Ned s'accrochait, crispait autoritairement ses mains sur les autres bras. Les mêmes bras le libérèrent de sa robe, laissant ses cheveux retomber librement sur sa nuque et dans son dos. Loss revenait. Il ne partait jamais. Sa bouche se posait sur sa peau blanche, faisait éclore des petites fleurs là où elle passait, des fleurs rouges et or. Je t'aime. Ces mots insitants lui revinrent encore en tête malgré tout.
Il perdait complètement les pédales quand Loss était en face de lui, un trip plus intense et plus angoissants que ceux dans lesquels il avait plongé grâces aux misérables doses de Guislène qu'on lui avait laissé ingérer un jour. L'homme en face de lui était différent. Différent. "Je t'aime", adressa-t-il au visage qui se pressait contre sa poitrine. Le regard noir se releva aussitôt, surpris, et rencontra le sien. Ces yeux étaient à fendre le coeur. Les lèvres qui le rejoignirent étaient plus douces et dorées que la bière de Jadane, plus importantes que l'eau vitale qui coulait dans les arbres. Il le voulait, il le voulait. Il finissait immanquablement par finir sur la même délire, à chaque fois qu'ils étaient ensemble. Il le voulait, il le voulait. En lui, à cet instant, pour lui, pour l'éternité qu'ils pourraient vivre tous les deux. L'autre gorge n'avait émit aucun rire, il ne s'était pas attendu au retour. "Je t'aime Ned". Le regard bleu flancha face au mur. Il avait envie de pleurer, de rire en même temps, et son coeur n'avait jamais été aussi gros dans sa poitrine. Trop gros. C'était trop immense pour lui. Comme si son âme avait triplé de volume et ne savait plus comment contrôler son corps trop étroit, comme si faire une seule chose à la fois devenait incroyablement frustrant.
Il le voulait, c'est ce qu'il se disait en l'embrassant, laissant couler ces sentiments qu'il ne maîtrisait pas le long de ses lèvres, espérant qu'ils atteindraient Loss. Il le voulait. Il voulait un enfant. La pensée le traversa pour la première fois comme une flèche, mais il s'en saisit et la garda bien au chaud contre lui. Un enfant, oui un enfant. De leur chair à tous les deux, un mélange d'eux en un autre être, avoir un petit morceau de Loss qui grandirait en lui.
Il voulait... un enfant.
La litanie revenait, encore et encore dans sa tête. C'est sans doute elle qui transforma son corps. Il n'avait jamais fait l'amour de cette façon. Peut-être était-ce seulement psychologique mais tout ce qu'il pouvait ressentir était décuplé, résonnait en lui à n'en plus finir.
Il était dans ses appartements, il avait le droit de faire le bruit qu'il voulait. Seulement lui arracher plus que des murmures revenait de l'exploit. Il s'était cambré pour le recevoir en lui, avait même donné un coup de rein pour l'envelopper plus vite. "Loss". Il lui caressait l'épaule sans réelement savoir pourquoi, pourquoi l'épaule. Il était niché contre lui, il l'avait attiré sur son lit pour le faire, son riche lit. Et de ses lèvres coulaient des phrases qu'il entendait à peine. Des demandes, ou plutôt des ordres murmurés avec amour. Fais moi l'amour, fais le de toutes tes forces. Et naturellement il fut exaucé.
Ned paressait sur son lit, serrait farouchement son amant dans ses bras, ses hanches coincées entre ses cuisses, bien qu'elles soient déjà poisseuses et eux déjà séparés. Loss s'était détendu peu à peu contre sa poitrine, goûtait à l'étreinte avec un sourire au coin des lèvres. Ned lui avait dit ce qu'il avait fait, après qu'ils aient récupéré tous les deux leur souffle. La surprise passée, il s'était allongé contre lui, ou plutôt s'était fait allonger. Il n'avait pas trouvé les mots pour exprimer sa joie timide, la fierté qu'il éprouvait en imaginant ce qui serait son fils, et le reste, mais cela faisait presque une heure que sa main n'avait pas bougé du ventre de Ned. Il souriait. Lui aussi pouvait presque les deviner, ces petites particules qui les représentaient se rencontrer et se mélanger. Puis grandir.
Ned criait. C'était comme ça que les fortes tête pliaient en général. Comme ça qu'on comprenait ce qu'il voulait. Mais cette fois ils ne voulaient rien entendre. Ses yeux foudroyèrent du regard le Skull "médecin" aux yeux mornes, qui réitérait mot pour mot sa déclaration d'un ton monocorde.
- Divine Mère, vous êtes malades et votre traitement doit avoir lieu au plus vite. Nous pensons que vous souffrez d'une infection due à l'absorbtion d'un mélange d'Eau et de drogue et...
- Je ne me suis pas drogué.
Ses yeux mettaient au défi quiconque de l'approcher. Il se tenait loin, très loin d'eux tous pour se protéger, lui et son embryon chéri de quelques semaines déjà.
- S'il vous-plaît Mère, vous ne savez plus ce que vous dites. Laissez nous prendre soin de vous.
- Ned, trancha une voix ferme, tu peux évidemment coucher avec qui tu veux, mais pas te faire engrosser tu comprends bien? Tu n'es pas n'importe qui, tu es...
- LA FERME !!
Son cri lui avait fait mal la gorge, et semblait avoir atteint les autres. En tout cas ils avaient compris ; ils n'essayaient plus de le résonner. Le "medecin" s'approcha. Ses tripes se nouèrent. C'était la première fois de sa vie qu'il se sentait réelement menacé. Et il n'y avait rien derrière lui. Rectification. Il y avait un mur. Et une porte. Mais il n'avait nulle part où fuir. La seule chose qu'il devait faire était imposer son vouloir. Il ravala son angoisse, sentit un moment son ventre frissonner avant de se ressaisir.
- Si tu oses t'approcher un peu plus je n'hésiterais pas à te bouffer la gorge.
Le peu de forces qui lui restaient venair du fond de ses tripes, lui conférrait ce ton froid, métalique et absolu. Il sentit la conscience de l'homme vasciller puis s'éteindre. Alors les autres s'avancèrent. Leur parler c'était comme demander à la nuit de partir parce qu'on avait peur du noir. Le medecin inutile se recula, Ned se dégagea brusquement d'une main qui lui avait saisit le poignet. On pouvait dire que la nuit s'était rapprochée.
- Laissez-moi !
Il entendit trop tard la porte qui s'ouvrait derrière lui. Une main puissante lui saisit la nuque, une autre lui planta sans ménagement une aiguille de le cou. Merde ça faisait mal. Il était mort d'angoisse. Il mit toute sa volonté, toute sa colère pour rester en éveil, ne pas fermer les yeux, ne pas tomber inconscient, même s'il avait déjà perdu le contrôle sur la moitié de son corps. Ne pas tomber inconscient. Protéger l'étincelle qu'il avait dans le ventre, celle qu'il avait tant désirée. Aimée.
Le produit courrait dans ses veines, éteignit bientôt tous les feux encore actifs. Il bascula dans la nuit avant d'avoir touché le sol.
Le lit était blanc, les draps étaient blancs, pour simple raison de commodité technique. Ned émergea lentement. Il n'avait pas besoin de sentir la perfusion pour deviner qu'il était sous haute dose de calmants. Il entendait le bip énervant d'une machine dont il ignorait l'utilité. Il était habillée d'une robe blanche à texture flottante. Il leva sa main avec peine, encore engourdi, et la glissa sous le drap inutile. Ses doigts glissèrent un peu plus bas que son ventre, caressèrent à travers l'étoffe la cicatrice qui achevait de se refermer.
Deux jours, et selon les journaux ça n'avait été qu'une "petite intoxication". En deux jours on lui avait ouvert le ventre et arraché son enfant. Est-ce qu'il y avait eu un minuscule cordon ombilical à couper? Il ne réalisait pas encore, pas tout à fait. Il prit appui sur ses bras pour se redresser, s'appuyer contre le mur et son coussin.
Oh merde.
Il ressentait un bordel sans nom à l'intérieur de lui. Avec les calmants c'est come s'il avait regardé un cyclone de loin, mais se faisant atteindre par un vent atténué. Dans sa tête résonnait un cri, un cri perçant, proche de l'hystérie et suintant le deséspoir. Lui n'avait pas la force de crier, de demander à ses muscles de contracter son ventre vide.
A ce moment, la porte s'ouvrit sur un jeune Priant qui n'avait certainement pas le droit d'être là. Këlyss. Un peu stupide mais dévoué corps et âme à sa personne. La personne en qui il avait le plus confiance, car chaque parole qu'il proférait était pour le jeune Priant l'équivalent d'un commandement. Le Priant lui laissa une petite enveloppe sur les genoux, lui lança un regard pathétique avant de partir aussi vite qu'il le pouvait.
Tout bien réfléchi, il ne voulait absolument pas l'ouvrir, mais ses mains si dociles avaient déjà commencé à déchirer l'emballage.
Les photographies étaient belles, faites avec un sens de l'esthétisme certain. Il s'était demandé, dans la panique, comment on avait pu savoir qu'il était enceint. Il caressa tendrement la surface de papier glacé. Le cadavre de Loss lui adressait un éternel regard figé, au fond de son cercueil. Il eut un spasme de nausée immédiatement suivie par une douleur, là où il y avait un petit point de vie avant. Il disposa doucement les photo sur ses genoux, en rattrappa distraitement une qui glissait sur les draps blancs.
Rien ne le réjouissait dans la mort de Loss. Il n'aurait pas du mourir, ils n'avaient pas passé assez de temps ensemble. Il aurait du le protéger, il aurait du voir son fils. Son fils... On lui avait ouvert le ventre, on le luit avait arraché de ses entrailles rouges et moites, et on l'avait balancé dans une rivière.
Il ne reverrait jamais son fils, tout comme il savait que Loss n'était pas mort de sa propre volonté. Il n'avait plus rien.
Son visage était de marbre, était toujours resté de marbre. Pas seulement à cause des calmants. Les larmes coulaient librement sur ses joues, tombaient sur ses mains qui s'étaient croisées sur ses genoux en un vieil automatisme, recouvrant les photo. Elles coulèrent pendant trois jours, sans discontinuer, et à partir du quatrième ses yeux se tarirent.
Plus jamais on n'entendit Ned crier.